Journée « Quoi de neuf, chercheurs ? » du Réseau des acteurs de l’habitat

Jeudi 16 novembre 2023

Espace Saint-Martin, 199 rue Saint Martin, 75003 Paris



Les besoins en logements à l’heure de l’urgence climatique
et de la transition écologique


La question des besoins en logements n’est pas nouvelle. Elle s’est posée avec une acuité variée selon les périodes de notre histoire, accompagnant l'avènement de la révolution industrielle, s’imposant avec la reconstruction et le baby-boom au lendemain de la guerre et, après une apparente éclipse au tournant des années 70-80, se voit progressivement remise à l’agenda avec la persistance du mal logement et la rétraction des financement publics dédiés. Aussi, la recherche d’une maîtrise de l’artificialisation des sols conduit à réfléchir à des modalités nouvelles de production, davantage centrées sur la mobilisation de l’existant que sur la construction neuve, dans un contexte tendanciel de ralentissement démographique. Néanmoins, ces besoins en logement ont toujours traduit une vision politique et normative de ce que doivent être des conditions acceptables, souhaitables et finançables de logements au regard des dynamiques socio-économiques et démographiques actuelles et futures.

La question de l’estimation de ces besoins en est affectée. Or elle joue un rôle clé dans l’élaboration des politiques du logement en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, en se basant sur des définitions et anticipations produites par l’INSEE, les services ministériels et le monde de la recherche. En 2006, une étude de l’Université de Paris-Dauphine pour la revue du Crédit Foncier diffuse largement l’idée d’un objectif de production de 500 000 logements par an pour répondre aux besoins de la population à l’échelle nationale. Cet objectif domine largement les débats les 15 années qui suivent. D’autres analyses, moins présentes sur la scène médiatique, présentent un chiffre nettement moindre, de l’ordre de 300 à 400 000 logements, neufs et réhabilités, par an. D’autres ordres de grandeur circulent, inspirés par les exigences d’une société moins carbonée, évoquant les chiffres de 200.000 voire de 150.000 (dans certains scénarios de l’ADEME) tandis qu’en parallèle, certains s’interrogent sur la pertinence d’objectifs nationaux en la matière. Cet exercice d’estimation, de qualification, et de programmation des besoins en logements s’est en effet significativement développé et affiné à l’échelle territoriale à travers l’élaboration des programmes locaux de l’habitat par les collectivités locales, laissant à penser que la question des besoins en logement n’aurait de sens que rapporté à un contexte, caractérisé par son plus ou moins grand degré de tension, que celle-ci soit le fait d’une forte attractivité par l’emploi, d’une cherté des marchés fonciers et immobiliers,  ou par une attrition liée à l’offre touristique.

L’urgence climatique et la transition écologique viennent aujourd’hui néanmoins largement requestionner la manière de réfléchir de manière globale et d’opérationnaliser, au besoin de manière locale, cette question des besoins en logements dans un contexte où un réchauffement à +4 degrés en France d’ici à 2100 devient un scénario probable. Ce scénario s’accompagne d’une série d’incertitudes et de transformations en matière de géographie des besoins et des risques, de manières d’habiter et de concevoir les logements, ou encore d’intégration de cette réalité nouvelle à l’agenda d’une action publique dont la philosophie, la nature et les instruments sont repensés au prisme de la transition écologique. Aussi, les défis de la neutralité carbone à horizon 2050, de la sobriété énergétique et de la raréfaction des ressources foncières pèsent lourdement sur le secteur immobilier qui est aujourd’hui responsable de 25% des émissions de carbone à l’échelle nationale.

Aux côtés d’arguments démographiques et budgétaires, ces réalités écologiques nourrissent ces derniers mois un débat sur la réalité des besoins en logements, souvent confondus avec l’état de la demande potentielle, qui vient remettre en cause le relatif consensus antérieur sur la fourchette des chiffres. Une tension semble ainsi palpable entre l’impératif écologique face auquel le secteur immobilier est un puissant levier d’action, et l’impératif social d’une crise du logement qui, sous des facettes multiples allant du mal-logement aux difficultés d’accès à un logement abordable, touche une partie toujours importante de la population. Autrement dit, le secteur du logement est-il en passe de devenir un instrument, voire une variable d'ajustement, de la transition écologique au risque de renforcer une crise globale de l'accès au logement ? Ou, inversement, est-il un point aveugle de la transition, les arguments fondés sur les besoins incorporant un modèle de réponse “expansif” amené à être dépassé ?

C’est dans ce contexte, et avec ces premiers questionnements, que la journée « Quoi de neuf, chercheurs ? » du Réseau des acteurs de l’habitat, organisée en partenariat avec le PUCA et le Réseau recherche habitat logement (REHAL), souhaite faire avancer la réflexion à la fois pratique et théorique sur les besoins en logements à l’heure de l’urgence climatique et de la transition écologique. Elle a vocation à actualiser les échanges et les controverses entre acteurs et chercheurs sur le sujet afin de poser les jalons d’une action qui, au plus proche des territoires, puisse allier impératif écologique et impératif social, au-delà d’injonctions pouvant paraître paradoxales. Cette journée visera notamment à enrichir les questionnements d’un programme de recherche qui sera lancé en 2024 par un collectif d’acteurs du logement, et plus largement de nourrir le débat public et la fabrique de l’action publique en matière de logement et d’habitat à l’heure de l’urgence climatique.

Cette journée « Quoi de neuf, chercheurs ? » est ouverte aux acteurs du Mouvement Hlm, collectivités locales, services de l’État, agences d’urbanisme, établissements publics fonciers, associations, ainsi qu’aux chercheurs, étudiants, et tout autre acteur intéressé, public comme privé, par un échange sur ces enjeux. Plus de 300 participantes et participants sont attendus.

Un exemplaire de l’édition 2024 du Panorama de la recherche en cours ou récente dans le domaine de l’habitat et du logement sera remis à chaque participant.

La journée sera animée par François Ménard (PUCA)



Lieu : Espace Saint-Martin, 199 rue Saint Martin, 75003 Paris

Accès :
Métro : Etienne Marcel ou Réaumur Sébastopol (Ligne 4), Réaumur Sébastopol (3), Rambuteau (11), Arts et Métiers (3,11)
RER : Châtelet-les Halles, Lignes A, B et D sortie « Porte Lescot »

Date : Jeudi 16 novembre 2023 (9h30 – 16h30)


Participation gratuite sur inscription préalable obligatoire (nombre de places limité).


Pour vous inscrire : cliquer ici

Programme complet : cliquez ici  

Contact : Bruno Marot, L'Union sociale pour l'habitat | Courriel : bruno.marot@union-habitat.org |Tél : 01 40 75 78 17 













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