Interview de Laurent Choain, Chief People & Communication Officer de Mazars

« Le bassin de talents d’origine francophone va considérablement s’élargir dans les 20 ans à venir »
Laurent Choain est Chief HR Officer du Groupe Mazars, le seul groupe international d’origine non anglo-saxonne d’audit et de conseil. Il est également membre du board de l’EFMD, de la commission ministérielle pour l’évaluation des formations et diplômes de gestion, membre fondateur du Cercle du Leadership, président du Cercle de la de la Prospective RH et membre du conseil d’administration de la Peter Drucker Society of Europe.
Propos recueillis par Jean-Michel Garrigues.
Pourquoi un thème sur « talents francophones et irrésistibles ? »
Nous voici dans un congrès francophone, au cœur des enjeux de demain, en lien complet avec les problématiques de stratégie RH.
La francophonie n’est aujourd’hui pas comprise : les réseaux sociaux prévoient que dans 10 ans le français sera, après l’anglais, la langue la plus parlée dans le monde.
Les francophones, aujourd’hui d’environ 200 millions, devraient être 700 millions à cette échéance finalement très proche.
Mais quelle incidence de ces projections sur les talents ?
D’abord un effet mécanique : le bassin de talents d’origine francophone va considérablement s’élargir dans les 20 ans à venir. L’Afrique par exemple, représentera 22% de la population active mondiale à cet horizon, contre 6% aujourd’hui.
Ce n’est pas un leurre, car plus on est nombreux, plus on a de visibilité, et plus on a d’occurrences. La maîtrise du français sera un avantage concurrentiel, mais notre langue devra évoluer pour avoir un impact ; pour utiliser un mot polysémique quand il passe du français à l’anglais, notre langue devra être plus « commode ».
Quelles incidences au sein de votre propre environnement professionnel ?
Elles sont très importantes : dans son secteur d’activité, Mazars est le seul acteur mondial non anglo-saxon. De ce fait, l’entreprise a attiré naturellement des candidats multilingues, multi culturels, et a su attirer, par exemple, des non français formidablement francophones.
Pour certains nouveaux collaborateurs, le choix d’un employeur francophone est important, pour un environnement de travail mieux adapté, pour une culture d’entreprise différente. Ainsi, on peut dire aujourd’hui que Mazars est de moins en moins français, du fait de son expansion internationale, mais la langue française y est toujours couramment pratiquée.
Le français devient-il alors un véritable avantage compétitif ?
C’est un avantage concurrentiel dont Mazars mesure la portée et l’intérêt, interne et externe. Mais, d’une manière générale, il n’existe plus d’unité culturelle liée à la langue, même si certains pays, dans lesquels la langue officielle reste le français, ont une culture sous-jacente liée à leur histoire.
Le véritable avantage compétitif de la francophonie me semble être la jeunesse de sa population, car la langue prospère notamment dans des pays à forte natalité, dans lesquels les jeunes générations représentent une forte proportion de la société. Mais il faut comprendre que si la culture reste spécifique, la sous-culture de ces jeunes générations est beaucoup plus universelle qu’elle ne le fut pour nous.
